RETOUR RÉUSSI DU NUMÉRO 22 AUX 24 HEURES DU MANS !!!
La quarantième édition des 24 heures du Mans moto aura vu le célèbre numéro 22 franchir la ligne d’arrivée.
Ce numéro vacant depuis 2004 et l’arrêt en compétition du Team 22, a été attribué cette année mais pas à n’importe quelle écurie.
Le double deux a été collé sur la moto du Team 202 (tiens donc) qui représente la Police Nationale et la FSPN par l’intermédiaire de son association affiliée CMPN PARIS.
Passionné de sports mécaniques et ne voyant plus les valeurs de notre administration exposés à la population, Frédéric WILLERY l’actuel directeur technique national FSPN des sports mécaniques monta en 2004 la structure Team 202 en référence au glorieux passé.
C’était avant tout l’aventure d’une bande de copains de la Préfecture de Police qui voulait en découdre sur le macadam. Oui mais voilà l’histoire prend de l’ampleur grâce aux très bons résultats dans des compétitions comme le Moto Tour. Les marques commencent alors à vouloir apporter leur soutien.
Durant quelques années l’idée de l’endurance germe dans les esprits puis le Team 202 se lance en 2017 en essayant de s’engager sur le bol d’or sans y parvenir.
Un galop d’essai pour le team manager WILLERY car ce qui ne tue pas rend plus fort. Il active son réseau et trouve le financement pour faire le bol mais également la formidable course des 24 heures du Mans Moto en 2018.
Malgré 85 candidatures, le dossier du Team 202 est retenu par l’Automobile Club de l’Ouest parmi les 60 participants officiels. Il ne restait plus qu’à qualifier les pilotes.
La suite vous la connaissez! Ou pas!
Revenons sur le sujet..
Tout débute aux essais Pré-Mans début avril.
Les séances se dérouleront sous les averses régulières et incessantes. Le chef mécano préfère en rire et trouve même des avantages à la situation car cela permettra d’avoir des données et de proposer des réglages en cas de pluie les 21 et 22 avril.
Deux semaines pus tard la pression monte avec les essais libres. Une petit chute sans gravité viendra crisper les visages de l’équipe.
Aux dires de Florent PARRET il s’agissait juste d’une erreur de débutant. Plus de peur que de mal pour notre policier stéphanois qui s’est égratigné l’avant bras.
Mais attention ne vous y trompez pas! Tout ne fut pas rose bien au contraire.
L’écurie qui dispose de deux montures s’est rendue compte aux travers des différents tours que les deux engins présentaient de grosses différences en piste.
Les mécanos ont du démonter le mulet en totalité et ont dépouillé une moto de réserve afin de mettre exactement les mêmes configurations électriques et mécaniques sur les deux engins.
Ce contretemps passé, les données étaient analysées. Les temps de passages, les trajectoires, le ressenti sur la moto et l’usure des pneumatiques ou des pièces mécaniques faisaient apparaitre un autre problème. Les pilotes avaient tous trois des positions différentes sur la machine. Il fallait donc adopter une assise dite neutre chose très compliquée à mettre en place.
Entre chaque passage les drivers débriefaient et s’entendaient afin de mener à bien le projet collectif.
La situation rentra enfin dans l’ordre et les tours étaient effectués sur les sœurs jumelles jusqu’aux qualifications. Et quelles qualifs.
Tout le travail effectué en amont porta ses fruits. Au contraire de certaines écuries qui partiront avec deux pilotes, la moto numéro 22 sera bel et bien conduite par des rotations de nos trois pilotes Olivier CALIA, Florent PARRET et David ROCHE. Premier objectif atteint !
Le team 202 partira le samedi à 15h00 de la 59ème place. Pourquoi d’aussi loin me direz-vous.
Réponse du team manager: « La qualification faisait déjà partie de la stratégie de course. Une fois que les pilotes d’usines tombent leurs temps il faut juste entrer dans les 110 pourcents. Quand on a vu les chronos des top teams en entrée de qualif, on a demandé aux pilotes d’établir immédiatement leurs meilleurs chronos. Chaque pilote avait pour mission de se qualifier sur un minimum de tour. Le but de la manoeuvre était très clair et permettait d’économiser la machine, les pneus et les nerfs des gars ».
Le warm up du samedi matin confirma la stratégie. Un petit nombre de kilomètres étaient ajouté au compteur. L’énorme température de la piste faisait tellement craindre les glissades en course que quelques ajustements étaient pratiqués en conséquence. Ensuite la machine resta tranquillement à l’ombre dans le box.
Les mécanos profitaient du mulet pour appliquer les marquages au sol. Éléments prépondérants pour les arrivées et les départs des stands, la minutie était de rigueur.
Puis vint la course. Le moment que tout le monde attend. À partir de maintenant plus question de rigoler.
L’évènement prend le dessus et le stress monte. La présentation des équipes et les sourires de façade devant les journalistes Télé cachent l’angoisse des pilotes.
Notre premier pilote Florent PARRET entre dans sa bulle et essaye de faire abstraction de l’environnement mais l’hymne national amplifie encore plus son état mental quand les 80000 spectateurs entament la marseillaise sous les avions de la patrouille de France.
14H55 – Départ pour le tour de chauffe. Le grand show du Mans débute. Un mécano par équipe prend place d’un côté de la piste en tenant la moto. En face de l’autre côté le pilote se prépare à traverser la piste en courant pour enfourcher la monture.
15H00 – Le départ est donné.
Le double 2 démarre sans incident. Florent doit se faire violence car son caractère lui dit d’attaquer tandis que les consignes de course lui indiquent le contraire. Frédéric WILLERY le sait. La piste étant très abrasive, les pilotes qui prendront trop de risques seront sanctionnés. Et les prévisions se confirment dès le début avec pas mal de pilotes qui chutent dont des équipes de pointe. La stratégie est donc claire. Rouler dans un rythme constant sans partir au tas à savoir sans accident. Florent laisse filer en gardant ses adversaires à vue puis transmet la moto à son équipier David au bout d’une heure.
David prend ses marques et réalise la même prestation pour transmettre à son tour la machine à Olivier également au bout d’une heure.
La concurrence comprend alors que la 22 rentrera au stand toutes les heures avec un changement de pilote. Restait à savoir quand est-ce que les changements de pneus seraient réalisés.
Au bout de deux heures Olivier entre à son tour dans les stands sauf que Florent ne reprend la piste qu’après avoir changé son pneu arrière.
Avec un nombre limité de dunlop, la dernière carte sera dévoilée après quatre heures de course et le changement du pneu avant.
Deux petites inquiétudes feront entrer la moto dans le box. La première en fin d’après-midi pour une inspection sans conséquence et la deuxième vers 1heure du matin avec des plaquettes récalcitrantes.
Plus la course avançait plus la fatigue se faisait sentir. Certes les pilotes puisaient dans les réserves mais que dire du reste de l’équipe.
Les images parlent d’elles-mêmes. Même le photographe officiel n’en pouvait plus..
Malgré les fortes inquiétudes la Yamaha YZF – R1 ne connaitra aucun ennui mécanique. Les trois pilotes ne commettront aucune faute et la moto franchira la ligne d’arrivée avec David à sa tête à la 36ème place du général et à la 20ème place du classement super stock.
La petite histoire en parallèle retiendra un proverbe. Rien ne sert de courir trop vite; il faut partir à point.
La moto bleu blanc rouge de la Police Nationale a terminé la course tandis que la rouge des sapeurs pompiers a malheureusement abandonné à 22 minutes du terme…
Pour voir quelques clichés et vidéos de la course rendez-vous sua les pages facebook FSPN et Team202 CmpnParis.
Félicitation à toute l’équipe. Place maintenant au repos des héros puis à la préparation du bol d’or qui aura lieu en septembre.
R.B.
Crédit photo Laurent BERTHE.