SOUVENIR REGIS RYCKEBUSCH
Valensole (04), le 8 avril 2022
Il y a 20 ans, le Brigadier Régis Ryckebusch, en poste à Vannes (Morbihan), tombait sous les balles d’un forcené.
A l’initiative de l’ASPN Manosque et de son fondateur Christian I., CTR de la Ligue Sud, une grande journée sportive a été organisée ce vendredi 8 Avril pour lui rendre hommage.
Football (tournoi remporté par l’ASPN 84), randonnée autour de Valensole (organisée par notre CTL Karine P), cyclisme (boucle de 65 kms organisé par notre CTL Manu M.),sorite VTT (organisée par notre CTL Hugues M.), séances de tir laser (avec Thierry et Stéphane) ainsi que tournoi de pétanque ont réuni plus de 100 policiers actifs et retraités de toute la région.
Ce rassemblement montre la grande solidarité de la famille Police à laquelle appartenait Régis. Policier exemplaire et apprécié de tous, ses états de service imposent le respect, Compagnie d’intervention, Raid, SPHP, DST, ce collègue aguerri, entré en 1986 dans la Police, avait décidé de retourner dans sa région natale.
Le destin a malheureusement stoppé cette belle carrière à l’âge de 36 ans.
Pierre son papa , son frère Jean Marc, sa belle-sœur Odile, sa nièce Laurène ainsi que ses amis dont Jérôme Cadéac, qui a fait le voyage de Paris, étaient présents. Une lettre de Catherine, sa veuve qui n’a pu se déplacer a été lue par Odile. Les discours émus se sont succédés et une minute d’applaudissement a honoré sa mémoire.
Un barbecue/pizzas venait conclure cette belle journée d’hommage à notre regretté collègue .
Le texte de son ami Jérôme CADÉAC, rédigé il y 20 ans
L’Amérique a eu son 11 septembre.
A un niveau introspectif, Je vis intérieurement le mien depuis le 9 avril dernier. Mes deux tours ont pour noms Justice et Idéal.
Et pour une famille française, celle du Lieutenant Régis Rickebush, le monde s’est arrêté de tourner ce jour là.
Je ne reviendrai pas en détail sur le drame récent qui s’est déroulé au commissariat de Vannes. Les médias ont largement couvert l’événement.
Au cours des trois cérémonies qui ont marqué les funérailles de Régis, j’ai pleuré trois hommes réunis en un :
D’abord l’Ami dont la gentillesse, la générosité et l’extrême droiture resteront à jamais gravées dans mon esprit. Celui que je n’ai pas vu assez souvent, en raison de ses nobles responsabilités et de son emploi du temps quelque peu mouvementé. Celui qui, dès qu’il apparaissait, m’aurait fait lâcher n’importe quelle tâche pour aller le saluer.
Je n’ai jamais fait étalage de l’estime et de l’admiration que j’avais pour cet homme. Mes raisons pour ces deux sentiments resteront personnelles. Mais le faire savoir aujourd’hui m’aidera à exorciser – efficacement je l’espère – cette douleur.
Ensuite, le policier. Celui qui par vocation était chargé de notre sécurité. L’Etat français a perdu l’un de ses meilleurs éléments. Régis était bien plus que le Gardien de la Paix décrit par la presse. Il était l’un des meilleurs hommes du RAID (unité d’élite), et un agent de la DST qui aura marqué tous les services de cette Institution. « Ce ne sera plus comme avant », a soupiré l’une de ses collègues.
Après une telle carrière, il aspirait à prendre un peu de recul aux côtés de son épouse, Catherine, et avait demandé sa mutation dans une ville réputée calme. Dans un simple commissariat. Et c’est peut-être cet aspect là du drame qui me fait le plus souffrir. Régis aurait pu tomber mille fois au cours des années précédentes, pendant des missions dignes des scénarios américains les plus improbables.
Au cours d’un dîner, il m’avait confié qu’à aucun moment il n’hésiterait à se mettre en première ligne pour tenter de sauver une vie humaine (Régis a été également garde du corps d’un ancien ministre de l’intérieur). Il y a 6 jours, il est mort pour en sauver au moins trois des balles d’un ivrogne. Trois mois après avoir pris ses nouvelles fonctions.
Le magicien
Notre Art a perdu l’un de ses amoureux les plus fervents. Mais pas de ceux pour qui la tenue en main de la dernière Flipper Coin devient soudain le Graal de toute une vie ; non, tout l’opposé de cela, et sur la vraie Voie.
Régis ne pratiquait que le Mentalisme. C’était sa passion. Il passait ses temps de loisirs à chercher, à réfléchir et à construire. Et je peux vous assurer qu’il serait devenu au fil du temps un expert du genre.
Il m’arrive de présenter quelques effets de mentalisme au cours de mes spectacles. Les conseils les plus avisés et les discussions les plus enrichissantes que j’ai pu avoir au sujet de mon approche venaient du Lieutenant Régis Rickebush, 37 ans,
- Médaillé de la Légion d’honneur.
- Médaille d’Or pour acte de courage et dévouement.
- Médaille d’Honneur de la Police Nationale.
Il est peut-être un peu tard pour vous demander à chacun une minute de recueillement, mais si en me lisant, pendant un court instant, vous avez éprouvé le regret de ne pas avoir connu ce garçon, alors je saurai que ce court hommage n’aura pas été vain.
Sachez enfin qu’il y a quelque part dans notre pays un père, une mère, un frère et une jeune femme vers qui vont mes pensées les plus affectueuses.
Je terminerai en citant le petit mot envoyé par son amie Line Renaud, et lu pendant l’office religieux :
« Régis, mon ami, je te fais une promesse. Je te promets d’oublier l’absurdité de ta disparition pour ne garder de toi que le souvenir de ton fabuleux parcours au service de notre pays. »