SÉJOUR MAB – ILE D’OLÉRON
Dirigée par l’attachée principale Nathalie B, la mission d’accompagnement des blessés (MAB) a vocation à prendre en charge l’ensemble du parcours du policier blessé : sur le plan médico-administratif, financier, judiciaire, réglementaire, social et psychologique. Ce service, créé en 2018, fait partie de la direction des ressources et des compétences de la police nationale (DRCPN). Basée à Paris, dans l’immeuble Lumière (12e arr.), l’équipe de la MAB accompagne les blessés les plus graves et leurs familles. Pour retrouver plus de détails sur ce service en lui-même, cliquez ici. <http://dgpn.minint.fr/wp-content/uploads/2021/04/ComHebdo-20210402-MAB.pdf>
La page de la rubrique MAB, sur le site intranet de la DRCPN, est accessible en cliquant ici. <http://drcpn.minint.fr/index.php/action-sociale-et-accompagnement-du-personnel/73-blesses-en-service>
Parmi les différentes démarches proposées par la MAB, un séjour de cohésion des policiers blessés en service est organisé plusieurs fois par an. Pour cette année 2022, 6 séjours sont prévus, dont 4 en métropole. La participation à ce séjour est proposée aux intéressés directement par la MAB elle-même. Il n’y a aucun caractère obligatoire et les policiers concernés peuvent décliner l’offre s’ils ne se sentent pas prêts.
En cette fin de printemps, une session a donc été organisée du lundi 30 mai au vendredi 3 juin 2022, sur l’Île d’Oléron, dans la résidence hôtelière « Le Neptune ». Cette structure appartient à la « Fondation Jean Moulin », partenaire régulier du ministère de l’Intérieur. Si les groupes sont habituellement mixtes, associant toutes les directions, celui-ci comportait exceptionnellement 10 policiers tous issus de sécurité publique : Alexandre, Franck, Éric, Océane, Philippe, Manuella, Thomas, Stéphane, Grégory et Jérémy. Ils venaient de l’Essonne, du Nord, du Rhône, des Landes, de la Corrèze, de la Gironde, du Lot-et-Garonne, de la Vendée et de la préfecture de police de Paris. Chacun d’entre eux a été victime d’une agression, d’un accident ou d’un fait particulièrement marquant. Durant cette semaine, Nathalie B et son équipe, renforcées d’un membre de la cellule alerte prévention suicide (CAPS), ont eu à cœur de « servir » les policiers blessés et de les aider à se reconstruire par la cohésion, au travers d’activités de groupe, mais aussi d’entretiens avec des psychologues.
Les activités proposées ont été variées : yoga, sophrologie, paddle et canoë, etc. La journée du mercredi a ainsi été rythmée par une initiation au krav maga et au laser run. La séance de krav maga (méthode de combat destinée à l’autodéfense) a été dispensée par Vincent R, formateur à la direction centrale de la police judiciaire (DCPJ). Il a souhaité que les stagiaires puissent se réapproprier quelques gestes professionnels, chacun selon son rythme, en fonction de ses blessures. L’initiation au laser run (compétition mêlant course à pied et tir au pistolet laser) a été animée par Franck D, moniteur de la fédération sportive de la police nationale (FSPN), formateur à la direction centrale du recrutement et de la formation de la police nationale (DCRFPN) et plusieurs fois champion et médaillé en tir au pistolet. Divisés en deux équipes, les stagiaires se sont affrontés avec bienveillance. Le but était d’effectuer 5 tirs au pistolet après une montée en fréquence cardiaque. Le goût du challenge a poussé les uns et les autres à se dépasser afin de gagner pour soi-même et pour son équipe. De façon très naturelle, les membres des équipes se sont mis à communiquer et à s’encourager mutuellement. L’émulation compétitive a rendu l’ambiance très amicale et joyeuse, donnant une réelle impression de jeu entre amis.
Au-delà de la stimulation physique des stagiaires, Nathalie B et son équipe sont parvenues à créer une dynamique de groupe vertueuse. Parfois, certains stagiaires peuvent arriver très réservés, très en retrait des autres, repliés sur eux-mêmes. Un des objectifs de ce stage est de libérer leur parole et leur esprit, de faire « sauter les verrous », de réellement initier un cheminement de reconstruction avec le soutien indéfectible de la MAB. Le choix des activités est essentiel : par exemple, l’initiation à la sophrologie permet de mettre le doigt sur la gestion du stress et des émotions, de manière à prévenir la dépression ou le burn-out. Si les journées sont bien remplies, les soirées ne sont pas en reste. Afin d’accompagner le mieux possible les policiers blessés, la MAB met en application la célèbre maxime « On peut en savoir plus sur quelqu’un en une heure de jeu qu’en une année de conversation. » (Platon). Des soirées thématiques (karaoké, blind-test…) permettent de renforcer le lien entre les différents policiers, les éléments moteurs emmenant dans leur sillage celles ou ceux qui sont les plus réticents ou malaisés.
L’appartenance à une institution comme la police nationale n’étant pas anodine, la relation de confiance entre le policier et l’administration se doit d’être saine et forte. Ce séjour est donc l’occasion d’asseoir à la même table les policiers blessés et des personnes représentant l’institution.
Attachant beaucoup d’importance à ce lien si particulier, le directeur général Frédéric Veaux a déjà participé à plusieurs de ces regroupements pour rencontrer les stagiaires. Il était représenté cette fois-ci par Tiphaine P, sous-directrice de la prévention, de l’accompagnement et du soutien (dont dépend la MAB) à la DRCPN, l’inspecteur général Patrick M, directeur zonal de la sécurité publique Sud-Ouest et la commissaire divisionnaire Myriam A, directrice départementale de la sécurité publique de la Charente-Maritime. Le secrétariat général pour l’administration du ministère de l’Intérieur (SGAMI) du Sud-Ouest était représenté par Jonathan B, chef du bureau des affaires sociales. Prévenus qu’il n’y avait aucune censure et que tout pouvait se dire et s’entendre, les stagiaires ont tous pris la parole, les uns après les autres, afin de se présenter et relater l’origine de leurs blessures et leur parcours. Les stagiaires ont d’abord unanimement exprimé leur satisfaction concernant la prise en charge dont ils font l’objet par la MAB, en soulignant l’implication, l’accessibilité et la disponibilité de l’équipe. Ce moment d’échange a aussi conduit à évoquer leur ressenti face à certaines situations plus négatives.
Texte et recueil des propos : Jean-Yves Cointat/DGPN/SICoP
Photos : Philippe Daurios/DGPN/SICoP