CHAMPIONNAT REGIONAL BFC BOWLING
Vu de l’extérieur le bowling semble être une aimable distraction, juste un passe-temps pour personnes désabusées, une réunion entre amis pour meubler une soirée qui s’annonce décevante.
Évidemment cette vue pessimiste et condescendante de leur sport est inacceptable pour ses adeptes, ses thuriféraires…
Afin de mieux saisir l’essence même de ce jeu de quilles d’apparence inoffensive, je me suis, à l’instar du célèbre film de Spike Jonze sorti en décembre 1999 sous le titre : « Dans la peau de John Malkovich », glissé dans les entrailles d’un adepte de la boule percée.
Il est bon de savoir, pour pouvoir cerner tout ce qui va suivre, que ce sport ne date pas d’hier puisqu’il fut mis au point au mitan du XIX° siècle dans le nord-est des USA et que le premier championnat se tint à Chicago en 1901.
Comme pour le vin, les racines ont leur importance.
Et si nous voulons bien appréhender la psyché du bowler (terme désignant les pratiquants du bowling paraît-il, à confirmer…), il est important de bien saisir l’influence des pratiques ancestrales qui forgent graduellement et définitivement son subconscient.
Pour simplifier mon propos qui commence à être quelque peu pompeux et soporifique, je vais vous décrire le ressenti d’un joueur en période de compétition (nous parlerons plutôt de rencontre amicale).
Bien sûr, chacun·e a un comportement qui lui est propre au moment du lancé mais je pense pouvoir affirmer que tous se rejoignent sur un point : faire tomber toutes ces p…. de quilles du 1er coup !
Et là je vais essayer de mettre par écrit ce qu’eux-mêmes n’imaginent pas ; le cheminement neuronale de la prise de décision et les moyens de mise en œuvre. Rien que ça !
Tâche ardue mais jouable ; j’espère.
La scène se déroule donc au bowling 1055 à Perrigny, en banlieue de Lons le Saunier, un certain jeudi 17 janvier alors que le soleil perd définitivement son combat face aux rafales glaciales sibériennes.
22 collègues réunis pour l’occasion (dont 3 féminines, le podium est déjà connu) en pleine digestion après le copieux déjeuner pris au Saubief à Montmorot.
La convivialité est toujours de mise même si, au moment de chausser les affreuses chaussures obligatoires, une certaine appréhension est palpable.
3 min d’essai pour jauger la piste et bien choisir sa boule, pas plus.
La tension monte d’un cran.
Les équipes sont formées, c’est le moment de vérité.
Dans tout sport de lancé tout est dans le geste et… dans la tête ; comme disait Kant (1724 – 1804) : « La main est la partie visible du cerveau ».
Tous le savent et le redoutent.
C’est donc à cet instant précis que je me projette à l’intérieur de chacun·e pour vous faire partager cette expérience unique :
« Le bowler n’a droit qu’à 2 coups et il en a pleinement conscience ; après un dernier sourire pour ses partenaires, il fait face à la piste qu’il sait piégeuse car non huilée (les spécialistes apprécieront) ; après avoir longuement hésité dans le choix de sa boule (sauf Manu qui a apporté les siennes, en grand professionnel) sa décision est prise et il ne peut plus reculer ; il sent les regards dans son dos ; la main ferme et le cœur froid (!) il se lance vers l’avant ; il contrôle son souffle (le diable se cache dans le détail) ; désormais il est dans son monde (le fameux “effet tunnel” !) ; chaque pas semble l’éloigner un peu plus de la civilisation ; du concept même de civilisation (exagère-je ?) ; mais son courage ne l’abandonne pas ; son objectif est à 18,29 mètres (60 pieds, eh oui) ; la peur monte pourtant en lui, lui assiégeant le cœur ; au moindre faux pas, au moindre tremblement elle finirait par le submerger et le briser (je suis dans la peau de quelqu’un de particulièrement émotif apparemment) ; le policier et la peur sont pourtant de vieux amis, ils se sont rencontrés à maintes reprises au gré des missions ; mais pas de cette façon, dans ces murs qui transpirent plus l’échec que la réussite ; d’autres avant lui sont venus avec le même objectif (faire tomber TOUTES les quilles, je le rappelle) ; d’autres qui ont échoué ; alors, bravement, dans un dernier sursaut de lucidité, il lance sa boule droit devant lui ; c’est fini pour lui ; le reste est une histoire de physique (quantité de mouvement, trajectoire, rotation, frictions, adhérence, force centrifuge et centripète, et j’en oublie…) et le résultat est parfois miraculeux ! « .
Voilà, l’expérience est terminée.
J’espère avoir bien retranscrit le ressenti de mes collègues. Peut-être que certain·e·s ne se sont jamais rendus compte de ce qui se passait en eux lors d’une banale rencontre de bowling !
En tout cas merci à eux de m’avoir fait ressentir de telles émotions et au-delà de toute cette analyse pseudo psychologique, une chose est vraiment sûre, c’est qu’on a passé un sacré bon moment sur les terres jurassiennes !
Quelques chiffres marquants pour finir (mon secrétaire général adore les chiffres !) :
35 km/h c’est la vitesse atteinte par la boule de Gérald de Dole, talonné de près par David de Lons avec un “petit” 33 km/h.
18 km/h pour Estelle de Besançon et Manu de Pontarlier. Moins vite, elle recule !
Célérité appréciée au jugé par votre serviteur totalisant 28 ans de police de la route !!!
91 c’est le nombre de points obtenus par Estelle (encore elle, y aurait-il une corrélation entre sa vitesse de lancé et ses résultats?) suivi de près par sa copine Gelf (93 points) sur 2 parties soit 40 lancés !!!
313 points pour Romain devant David 305 et Gérald 301…
2,27 c’est la moyenne de quilles tombées par lancé pour (toujours) Estelle.
7,82 la moyenne de Romain « the winner » (sur un chiffre maximal de 10 pour les ignares!)
61 c’est la plus grosse progression entre les 2 parties (de 111 à 172) atteinte par Manu (pas celui de Pontarlier!) dont c’était la reprise après de longs mois d’arrêt.
4 c’est le nombre de strike d’affilée de Manu (pas celui de Pontarlier!). De son propre aveu il a eu le plus grand mal à s’adapter à la piste qui n’avait aucune adhérence et c’est vraiment à la toute fin qu’il a pu prendre son régime de croisière. Sa 4° place finale en individuel ne reflète pas sa réelle valeur mais, grâce à ses copains Laurent, Daniel de Lons et Seb de Besançon, il obtient le sacre suprême (!) par équipe devançant de seulement 3 petits points l’équipe Lédonnienne composée de David, Gérald, Jean et Patrick, renforcée (!) par notre secrétaire général honoraire Fifi et l’équipe des Dijonnais Valérie, Romain, Zafer et du Lédonnien Jean-Christophe.
0 km/h c’est la vitesse de la course d’élan de Manu (celui de Pontarlier !) qui se classe 14° en laissant quand même derrière lui pas moins de 8 compétiteurs·trices !
0 c’est le nombre de strike de Patrick. C’est le seul à avoir fait chou blanc !
Allez j’arrête là mon énumération !
Remerciement à David et Patrick pour leur investissement, à Valérie (la winneuse chez les filles!) pour sa bonne humeur digne de la soirée du Téléthon, et aux heureux récipiendaires qui nous ont montré du beau jeu.
Évidemment je congratule Romain, mon partenaire de tous les jours (ou presque), pour sa 1ère place, voilà au moins une chose qu’il sait faire !!!
Merci à Mathieu, motard de la Police, pour tous ses portraits photographiques (même si, je pense, il préfère prendre des clichés de VH en infraction !!!).
Un dernier Merci pour les généreux donateurs et pour le soutien sans faille de la MGP représentée par son incontournable président régional, Laurent, de la CRS 43.
Et toutes mes félicitations à ceux qui auront pu me lire jusqu’au bout !!!